Climat: réchauffement et dérèglement s'aggravent selon le GIEC
A quelques semaines de la COP26 qui se tiendra à Glasgow (Écosse) du 31 octobre au 12 novembre prochain, le premier volet du sixième rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a été rendu public ce lundi. La totalité du rapport sera disponible en 2022. Il actualise l'état des connaissances scientifiques avec en toile de fond la question suivante: est-il encore possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré ?
« Le Monde écoute mais n’entend pas ! ". Ce sont les mots prononcés par Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement.
Un constat qui est très alarmant
"La température globale sur la surface de la Terre était plus chaude de 1,09°C entre 2011 et 2020 qu'elle ne l'était entre 1850 et 1900, avec une hausse plus importante au niveau des terres (1,59°C) qu'au niveau des océans (0,88°C)."
L’objectif de maintenir la surface de la Terre à 1,5 °C de réchauffement d’ici la fin du siècle (par rapport à l’ère pré-industrielle) est hors de portée, sans réaction rapide. Ce seuil pourrait être atteint dès 2030-2040 alors qu'il était envisagé pour 2050.
La responsabilité humaine est indiscutable. La hausse des émissions de gaz à effet de serre se poursuit et ce malgré les engagements des États, pris à Paris lors de la COP21 de 2015. Elles atteignent des moyennes annuelles de 410 ppm (partie par millions) pour le dioxyde de carbone (CO2), 1 866 ppb (partie par milliards) pour le méthane (CH4) et 332 ppb pour le protoxyde d’azote (N2O), indique ce sixième rapport, basé sur des données de 2019.
Dans cette nouvelle évaluation, le GIEC consacre un chapitre spécial au méthane (Ch4), principal gaz à effet de serre après le CO2 et désormais responsable d’un quart du réchauffement climatique. Ses émissions sont en forte hausse. Il persiste moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2 mais a un pouvoir de réchauffement 28 fois supérieur. Il provient de trois grands secteurs : l’agriculture (40 %), les énergies fossiles (35%), (gaz de schiste, extraction de pétrole…) les déchets (20%). Dans le secteur agricole, c’est la production animale qui rejette l’essentiel du méthane et celle-ci progresse en liaison à la demande mondiale de viande, trop importante.
Le rapport insiste sur les conséquences dramatiques de ce réchauffement.
La hausse du niveau marin ou l’acidification des couches profondes de l’océan "sont irréversibles pour des siècles ou des millénaires".
Le niveau des océans a augmenté d'environ 20 cm depuis 1900, et le rythme de cette hausse a triplé ces dix dernières années sous l'influence grandissante de la fonte des calottes glaciaires. Cette élévation de 3 à 4 mm/an va se poursuivre et s’accélérer rendant les littoraux de plus en plus vulnérables aux inondations et aux tempêtes. Le niveau des mers devrait atteindre 30 cm à 1 mètre de plus d'ici à 2100 en fonction de nos trajectoires d'émissions.
Même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +1.5°C, la planète va subir une augmentation sans précédent des événements météo extrêmes comme les canicules, les sécheresses et les épisodes de pluies diluviennes. À l'échelle mondiale, les fortes précipitations s'intensifieront d'environ 7 % pour chaque degré de réchauffement.
Le rapport est donc inquiétant : catastrophes climatiques et météorologiques vont augmenter. Les réfugiés climatiques seront de plus en plus nombreux ; principalement dans les pays les moins développés qui sont les plus vulnérables, confrontés de surcroît à une forte hausse de leur population.
La circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC), système complexe de courants océaniques qui permettent de réguler la chaleur entre les tropiques et l’hémisphère nord, se ralentit sous l'action de la fonte des glaces du Groënland. Cette tendance qui va "très probablement" se poursuivre pendant tout le siècle ce qui entrainerait notamment des hivers plus froids en Europe et une perturbation des moussons en Afrique et en Asie.
Un tableau logiquement plus grave
Ce tableau du GIEC est donc très sombre mais réaliste au regard de ce que le monde connaît depuis plusieurs décennies.
Dans son rapport, le GIEC aggrave des risques déjà existants. Cette logique d’amplification des phénomènes extrêmes est à mettre en relation avec le manque d’actions menées par les Etats de la planète. Même si une prise de conscience existe, les actes forts font défaut.
Les solutions techniques et leurs effets seront développés dans les deux prochains volets du GIEC mais l’immédiateté dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre est une nécessité pour atténuer la catastrophe qui s'annonce en cas d'inactions.
S’il est impossible de stopper le changement climatique, il est en revanche possible de le limiter et d’enrayer ses effets dévastateurs, à condition de se mobiliser immédiatement à l’échelle planétaire.
Aux « décideurs » et à tout un chacun d’en tirer les conclusions.
Rapport du GIEC ici : RAPPORT DU GIEC